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morgan, le il y a 2 semaines.
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Re Bonjour
J’ai pris le temps de regarder l’exposé d’Yves Darricau (merci Superbaba). C’est un plaisir d’écouter des spécialistes honnêtes et avec des visions globales des problèmes de l’environnement. Ces gens là nous disent que des solutions existent et çà redonne un peu d’espoir. C’est comme ces altermondialistes qui disaient il y a une vingtaine d’années “un autre monde est possible” . Plus récemment on nous parle de décroissance et de la sobriété heureuse. Et puis il y a l’actualité anxiogène et là on est bien servi.
les conditions pour exercer notre métier se sont bien dégradées en cinquante ans. Les petites fermes de polyculture élevage avec des productions vivrières ont disparues. Fini les paysages bocagers, les prairies de diversité fauchées mûres, les haies mellifères, les nombreux arbres fruitiers etc. Bonjour le machinisme, les grandes parcelles, la spécialisation, les engrais, les semences hybrides, les ensilages. Toute cette agriculture industrielle a provoqué des déséquilibres. Des problèmes nouveaux sont apparus avec la recrudescence des ravageurs et aussi des maladies cryptogamiques. la réponse de nos sociétés la plupart du temps est de trouver un remède au mal plutôt que de s’attaquer aux origines du mal. Et en avant avec tout ces produits phytos : herbicides, fongicides, insecticides, plus les modifications génétiques.
Tout cela pour élever le niveau de vie des habitants qui désertant les campagnes sont allés fournir la main d’œuvre à l’industrie ou devenir fonctionnaire dans des états de plus en plus tentaculaires. Les gouvernements ont préféré servir en premier les lobbies les plus influents car ce sont ceux qui ont le plus de moyens. La civilisation des loisirs et la considération de l’individu comme un con.sommateur nous amené à la société des grandes surfaces et de l’alimentaire moins cher pour en avoir plus pour le reste.
Je dis tout cela pour démontrer que si nous sommes les victimes d’une époque, cette situation nous en sommes aussi responsables en tant que citoyens. Mais n’oublions pas tout ces gens courageux (militants) qui ont résisté et continueront de résister. Dire que nous sommes des victimes (“collatérales”) ne nous dispense pas de regarder en arrière pour analyser ce que l’on a pu faire comme erreur. En tant que pro et après avoir essayé pas mal de trucs et aussi beaucoup échangé avec beaucoup d’autres pros je fait aussi mon autocritique et celle d’une profession qui dans sa majorité a suivi la tendance de la mode du productivisme.
Nous avons dégradé sur tout le pays la génétique de nos abeilles tout comme l’agriculture a fait de même dans une course à la productivité en perdant des espèces et variétés locales. Honte à nous pour n’avoir pu se mettre d’accord sur des conservatoires d’abeilles locales. Honte aussi pour n’avoir pu se mettre d’accord sur plein d’autres choses.
Nos abeilles sont très fragiles et c’est quelqu’un qui a connu les abeilles des années 70 et qui par comparaison peux l’affirmer. Nous et pas mal d’autres pros avons aussi reproduit des abeilles d’ailleurs qui étaient aussi en très bonne santé. Je pense aux caucasiennes que l’on faisait rentrer de Géorgie. J’ai aussi cherché à conserver dans un secteur des ruchers sédentaires de locales (les meilleures dans ce système). Tant que l’on pouvait trouver de la génétique dans des réservoirs ou les apis ne se cassaient pas la tête avec l’insémination et la recherche de lignées championnes çà allait. les problèmes sont arrivés plus tard quand après les néocotinoïdes et les aides à la reconstitution du cheptel puis devenues aides à l’accroissement des éleveurs spécialisés ont inondé tout le territoire de leurs abeilles à problèmes.
Notre environnement sachant qu’il faut des km et des km carrés pour aires de butinage autour des ruchers on peut dire que l’on pas de prise. Cela pourra s’améliorer seulement si la société s’améliore et ce n’est pas gagné. L’exposé d’Yves Darricau (le pollen c’est primordial) me conforte dans mes pistes d’orientation vers une apiculture différente : ruchers plus petits dans des lieux de grande diversité et si c’était possible avec des abeilles plus “résilientes” et rustiques. (là aussi pas facile) . Des abeilles avec moins de besoins passeront mieux les périodes difficiles et donc moins d’intrants, moins de travail, moins de frais pourvu qu’il y ai quand même un peu de miel à récolter. Avec l’isolation, des conduites et un matériel un peu modifié devrait permettre des économies d’énergie. la thermorégulation est une source de “dépense” assez importante.
Dans mes réflexions je pense à ces abeilles du Maghreb et aussi celles que le frère Adam est allé voir dans les oasis. Elles sont capables de tenir je ne sais combien de temps avec assez peu pour exploser et se reproduire le moment venu. Bien sur c’est pas pour aller en chercher, mais c’est pour dire combien cette espèce est capable d’évoluer (et donc de s’adapter) pour survivre.
La société peut se passer des produits de la ruche mais ne pourra pas se passer des abeilles. Si le miel devenait beaucoup trop cher à produire en terme d’impact écologique et économique on pourrait imaginer que les pouvoirs publics pourraient subventionner des gardiens d’abeilles juste pour la pollinisation. Ce ne serait pas nécessaire qu’il y ai production de miel et si la nature était généreuse de loin en loin ce serait du bonus. En période difficile on pourrait supporter un assez haut niveau de pertes pourvu qu’en période d’essaimage naturel on repeuple les caisses. Pourquoi pas se contenter pour les futurs “gardiens d’abeilles” de toucher l’argent pour le service rendu à la société additionné de quelques bonus comme la propolis (parée de toutes ses vertus). Et le plaisir (le plus grand des bonus). Je rêve.
il y a 2 semaines et 2 joursRang: ReineMessages: 1531Nb de ruches: 48Localisation : France203 ptsPour voir où on va en se rappelant d’où on vient.
Perso, c’est de ces années où on faisait 40kgs sur le tilleul par exemple avec des abeilles béarnaises de rencontre.
Sans nourrir et sans faire d’élevage : poser les ruches au milieu des fleurs, récolter, les mettre à nouveau au milieu des fleurs et continuer ainsi.
L’âge d’or de l’apiculture puisqu’on venait de disposer de véhicules et de matériel permettant d’avoir beaucoup de ruches sur beaucoup de fleurs.
Pas mal de mes collègues conduisaient 800 à 1000 ruches quelquefois seuls produisant de gros volumes de miel couvrant presque les besoins du pays.
L’apiculture amateur balbutiait à peine en partie parce que les gens avaient peu de loisirs et travaillaient à temps plein.
Certains qui pratiquaient l’apiculture décrite plus haut, en cravachant dur, ont bien vécu.
Quasi simultanément on a vu venir des hôtes indésirables de l’abeille toujours sans solution pérenne, de la diminution de la flore naturelle, du raccourcissement des floraisons de plantes de culture (3 semaines à 1 mois pour le tournesol de l’époque contre une semaine actuellement), des empoisonnements massifs et diffus auxquels se sont ajoutés des dérèglements climatiques bouleversant les miellées.
Beaucoup à la fois pour un insecte, non ? D’ailleurs sans production de miel l’abeille aurait disparu comme nombre d’insectes.
Alors, s’en attribuer une part de responsabilité comme apiculteurs ? Et bien pas chez moi et j’en suis plutôt fier.
Bon, nous n’avons pas trouvé de solution à cet ensemble de problèmes insolubles.
L’apiculteur n’est pas responsable du citoyen, sauf pour le citoyen qu’il est.
Les grincheux parmi nous dirons que nous n’avons pas apporté de solution à ce casse tête, et qu’il ne fallait pas essayer de trouver ailleurs ce qui ne fonctionnait pas ici, alors oui, on y a cru, ou on s’est débattu.
En allant chercher l’oiseau rare : l’abeille qui ne s’empoisonne pas, qui se fout du temps qui fait, des périodes interminables où il n’y a rien à bouffer, d’un environnement totalement dégradé, de prédateurs voués à son éradication ; et bien non, les abeilles de telle race, jaunes ou noires, mélangées ou triples hybridées ne savent pas faire face à tout ça.
Notre seul tort a été peut être de le croire.
Donc l’apiculture, celle de métier, est appelée à suivre la même voie que celle empruntée ces dernières décades, et, peut être en accélérant.
De tous les facteurs négatifs décrits plus haut, nous n’avons pas de réponse.
Oui on peut, à titre personnel, faire en sorte de mettre à disponibilité des abeilles, des fleurs, à des périodes cruciales surtout pour éviter les carences et assurer la survie ET IL FAUT LE FAIRE.
Pour autant on ne répond là qu’à une des problématiques et on voit bien la quasi impossibilité d’agir sur les autres facteurs négatifs.
On va continuer a exercer une pression sur les surfaces disponibles à l’abeille, attendre longtemps avant que le climat lui soit moins hostile ainsi que de lui épargner l’action de ses prédateurs.
Il va donc être de plus en plus compliqué de vivre d’apiculture ; des coûts de production de plus en plus élevés qui s’ils sont répercutés détourneront des consommateurs ; des volumes de production à la baisse.
Resteront des petites unités de production arrivant à valoriser le miel et des amateurs produisant sans tenir compte de ces coûts, et, ou, ne supportant pas de charges.
Le tableau est là ; pour moi l’apiculture passe par la production de miel, sinon c’est un jour sans lumière, pour autant, l’avenir de l’apiculture est raisonnablement sombre.Bonsoir à tous , moi aussi je viens d’une famille d’agriculteurs avec pour moi des études agricoles et mécanique et un apiculteur qui était sur mon chemin à l’âge de huit ans , j’ai installé ma première ruche à la maison et je passais mes week-ends , vacances , depuis sa m’a jamais lâché .
je me suis toujours considéré comme apiculteur et aide à la pollinisation de mon coin même si bien sûr le miel fait partie de la machine pour pouvoir payer le matériel et entretenir le cheptel , l’argent récolté a toujours été réinjecté , peu être je suis nul car jamais réussi à faire de gros bénéfices , j’ai commencé en 1980 et c’était facile d’entretenir une ruche et dans acheté une autre l’année d’après , pour les remplirent , le téléphone sonner , il y avait des guirlandes partout . Me voilà à 45 saisons avec du savoir en plus , des techniques d’élevage , du greffage et des complément ( sirop / protéines / candi ) des revues , internet , forum …… et les dernières années sont catastrophiques , pas de miel ou très peu et du travail à perte mais bon même si ma femme crie en voyant les factures , je continue en pensant qu’il y aura des jours meilleurs en cherchant ou sa cloche et éventuellement comment je pourrais agir .
Sur l’autre forum d’amateurs où j’ai accepté la publication d’Yves Darricau après la voir visionner , j’ai fait un nouvelle page en disant que chaque apiculteur devrait y jeter un œil et bien il n’y a pas eu beaucoup de pousse lever quel dommage et pas de discussion derrière non plus .il y a 2 semaines et 1 jourRang: ReineMessages: 1531Nb de ruches: 48Localisation : France203 ptsC’est pas très compliqué :
Si tu démarres sans capital au départ, et que tu ne veux ou ne peux emprunter, tu rentres peu d’argent et il est entièrement absorbé par le développement de l’entreprise.
Pour pouvoir dégager un salaire, il faut bosser dur et malgré tout, des années ou des décades pour arriver à se verser un salaire.
Le positif c’est que tu n’as pas de dettes mais que ton quotidien a besoin d’un autre boulot ou d’une autre personne pour vivre ; ce n’est pas très confortable.
Pour ce qui est de ce que tu cites pour tenter d’avoir un cheptel suffisant, c’est la même chose, le résultat de ton évolution personnelle est réduit à néant par l’environnement de l’abeille.
Toutes les compétences que tu as acquises, tous les soins prodigués ne viennent que pour tenter de remettre l’abeille à niveau, c’est à dire juste une colonie d’abeilles en état de produire aux conditions qu’à l’extérieur tout se passe bien ce qui n’a pas été le cas depuis 4 années par ici.
Par contre dans d’autres régions les résultats ont été meilleurs ce qui laisse un peu d’espoir.
On n’a pas d’autre choix que de plaider pour une restauration de l’environnement de l’abeille mais là nous sommes comme des prophètes.
L’époque est à miauler et aux pétitions, c’est quand même plus simple (et simpliste) que de se cracher dans les mains et d’attraper un manche.
C’est toujours un constat, pas un jugement.aujourd’hui, je pense qu’il va falloir avoir moins de ruches avec une capacité de transhumance rapide et faire 100% de vente directe
je suis dans la situation inverse vente en fut avec des prix qui baissent et une difficultés à vendre son miel hormis à d’autres apiculteurs depuis que les négociants n’achètent plus. ma capacité de transhumance étant essentiellement manuel je dois remettre en question ce point soit en mettant des ruches sur remorques ce qui nécessite un important investissement, comment développer un circuit de vente directe complétement saturé par la concurrence de petits apiculteurs, peut être plus simple de faire du demi-gros et vendre en 40kg en augmentant de 1 euros/kg par rapport aux futs.
difficile de prendre les bonnes décisions, ce qui me sauve c’est d’avoir investit dans l’immobilier et actions pour me diversifier et avoir déjà une “retraite” à 43 ans.
il y a aussi un changement important dans le milieu forestier, par chez moi tous les châtaigniers meurent et le chêne ,le pin ,le charme l’alisier ,thuya prennent la place , c’est donc une perte d’un miel de valeur, le colza et tournesol étant peut valorisable, pour l’acacia depuis 5ans on enchaine des épisodes soit de gel soit de pluie froide empêchant des récoltes conséquentes. la vente d’essaim a fortement diminuer je trouve, reste aussi la question de l’augmentation des charges, du prix du matériel, de l’énergie, augmentation du foncier et comment répercuter tout cela sur le prix du miel qui si il augmente trop se vendra moins
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